Nous devons à un ancien maire de Denver dans le Colorado une des formules les plus percutantes sur l’importance croissante de l’urbanisation. Pour Wellington Webb en effet : « Le 19ème a été le siècle des empires, le 20ème celui des États-Nations. Le 21ème siècle sera celui des villes ». C’est fort et beaucoup d’entre nous l’utilisons dans conférences et articles où nous parlons de l’urbanisation. Mais c’est insuffisant.

ineront le monde de demain. Elles doivent encore démontrer qu’elles en ont la capacité. L’urbanisation est un des phénomènes les plus marquants de ce début de siècle. Cela n’entraîne pas automatiquement que les villes deviennent les premiers agents de la dynamique mondiale. Elles doivent s’employer à démontrer qu’elles en sont capables. (ceux d’Europe, puis du monde post-colonial). Mais Cela ne veut pas nécessairement dire que les villes domème siècle (le britannique et le français, en particulier) et les États-Nations le 20èmeNous ne pouvons pas nous contenter de la ritournelle selon laquelle notre siècle serait celui des villes. Premier point, la logique est discutable. Les Empires ont dominé le 19

Elles devront affronter les méga puissances impériales qu’ont été, sont ou pourraient devenir les Etats-Unis, la Russie ou la Chine. Les organisations transnationales en réseaux sont également candidates ainsi que les grands courants religieux. De ceux qui défendent une Europe uniquement chrétienne aux Musulmans chiites et sunnites qui s’étripent à plaisir. Sans oublier les bouddhistes qui se sont mis, un comble, à tuer les pratiquants d’autres religions (au Myanmar par exemple).

Mais le véritable intérêt de la formule séduisante de Webb n’est peut-être pas là. Le déplacement du type de territoire qui compte le plus n’est intéressant que s’il entraîne un autre style de relations entre les entités les plus dynamiques.

Vu sous la question des relations dominantes, le 19ème aura été celui des conquêtes violentes, moins entre empires (qui préféraient s’affronter indirectement) qu’entre ceux-ci et les pays qu’ils soumettaient. Quelques beaux discours. Beaucoup de morts et de destructions. Pas très joli.

Le 20ème restera, par contre, celui des affrontements directs des États-Nations et des idéologies. Les morts se comptent par dizaine de millions. On invente les camps de concentration et le goulag. On n’en finit pas de détruire et d’asservir, de vouloir éliminer l’autre ou le réduire à presque rien.

Alors que peut nous apporter le 21ème siècle ? Il serait pire encore que celui dont nous sortons à peine s’il devait être celui des religions rivales, des identités jalouses, qu’il s’agisse de la version Daesh comme de celle de Thomas Mair, accusé de l’assassinat de Jo Cox, la députée travailliste, à la veille du vote sur le Brexit.

Alors autant qu’il soit celui des villes. Elles sont moins puissantes que les empires, moins identitaires que les États-Nations, suffisamment éloignées les unes des autres pour que les jalousies ne se transforment que rarement en affrontements violents. Et puis elles prennent de l’importance à une époque où les rivalités se règlent moins par la destruction ou la conquête que par la rivalité et la coopétition.

Elles bénéficient d’un nouveau tissu d’infrastructures sur lequel murs et frontières sont moins utiles qu’échanges et connexions. Ce que montre magistralement Parag Khanna dans son livre Connectography.

pourrait être celui des lignes à haut-débit et des smartphones, des villes et leur connectivité.ème celui des avions et des containers, des États-Nations et de leurs guerres. Le 21ème siècle a été celui des bateaux et des trains, des empires et de leurs conquêtes, le 20èmeOsons donc modifier la formule de Webb : le 19

Ça serait vraiment bien. Mais n’oublions pas qu’il ne s’agit pour le moment que d’un souhait. Réalisable si nous en comprenons bien l’enjeu et nous y mettons sérieusement.

 

Une version de ce billet a été publiée sur le site du Monde.fr le 14 octobre 2016.

Photo Wikimedia (Les chemins de l’Internet. The opte project CC BY 2.5).

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...