Note pour la ville de Los Angeles ... et quelques autres

Mon récent tour de certaines villes asiatiques (Songdo, Séoul, Singapour, Hyderabad) s’est fait dans le cadre d’un cours à la University of Southern California donné avec le professeur François Bar. C’était une expérience : les étudiants ont participé au voyage grâce au recours à des centres de téléprésence de Cisco. A chaque étape, j’y amenais des personnalités locales et ils les interviewaient depuis Los Angeles.

Et plutôt que de leur demander une synthèse sans fil conducteur, nous les avons chargés de remettre au responsable informatique de la ville californienne – Peter Marx – un mémo suggérant quelques leçons à tirer de ces villes asiatiques. Ils s’intéressent surtout aux transports et à la participation citoyenne. Vous trouverez certaines de leurs contributions sur le blog de la classe. Leur proposition finale y sera postée.

Je me suis livré au même exercice avec cette liste de dix points (publiés sans ordre particulier) glanés au cours de ce voyage de trois semaines. J’aimerais qu’elle soit utile à d’autres villes.

Cher Peter Marx,

Je comprends bien que Los Angeles est une ville de référence dans bien des esprits. Cela ne devrait pas lui interdire de s’inspirer d’expériences et de réalisations venues d’ailleurs. Voici ce que j’ai pu glaner au cours de mes récents voyages (chaque point est suivi du nom des villes qui me l’ont inspiré). Nous en discuterons plus en détail lors de votre rencontre avec les étudiants.

  1. Les villes anciennes qu’on essaye de rendre plus intelligentes ne devraient pas essayer d’intégrer les différents systèmes informatiques. C’est un casse tête inutile. Il suffit de partager les métadonnées signifiantes. Séoul.
  2. Les capteurs sont trop chers pour encore quelques années. La collection de données étant indispensable, autant avoir recours aux smart phones des citoyens. Séoul a dessiné le trajet de ses bus de nuit en partant d’une carte des lieux où les appels nocturnes à partir d’un mobile étaient les plus nombreux.
  3. Les hackatons – ces réunions de hackers pour résoudre un problème – peuvent servir à améliorer la ville. Ils poussent municipalités et entreprises à ouvrir l’accès à leurs données et sont un début de participation citoyenne. Singapour et Hyderabad.
  4. Cartographier la ville de façon sophistiquée et interactive rend les informations compréhensibles, et la visualisation des données facilite le dialogue avec les citoyens. Séoul, Songdo, Singapour, Hyderabad.
  5. L’heure de l’agriculture urbaine et des constructions vertes a sonné. Elle peut être avancée par la réalisation de projets pilotes avec financement public-privé. Hyderabad et Singapour.
  6. Dans une ville comme dans un quartier, le design intégré qui permet aux habitants de se rendre à pied ou en bicyclette de chez eux à leur travail et aux rues ou centres commerciaux dont ils ont besoin peut changer la dynamique des villes et leur consommation énergétique. Songdo.
  7. Aucune ville ou même quartier nouveau n’est attirant, mais l’urbanisation croissante fait que nous ne pourrons pas échapper aux problèmes posés par leur création. Plus que sur l’objectif final, c’est sur le processus d’élaboration qu’il faut travailler. La modélisation peut aider. Songdo (comme contre-exemple).
  8. Les villes intelligentes sont un énorme marché. Chaque société s’y attaque et chacune a son modèle à proposer. Toute ville capable de développer une plateforme de services facile à déployer se lance dans la compétition. Séoul, Singapour.
  9. La participation citoyenne devrait commencer au moment de la conception conçue comme processus ouvert. Voilà, peut-être, un domaine dans lequel Los Angeles pourrait servir d’inspiration.
  10. Reste un point sur lequel je n’ai pas eu le temps de faire les recherches nécessaires, mais qui me semble clé en ces temps de réchauffement global et de sécheresse accrue. La gestion de l’eau. C’est une question stratégique pour Singapour qui semble gérer d’une façon intelligente le recueil des eaux de pluie, la consommation et le traitement des différentes sources.

Voici, cher Peter Marx, quelques points importants recueillis au cours de mon voyage. Je me tiens à votre disposition pour tout éclaircissement supplémentaire dont vous auriez besoin.

Best.

Crédit photo : Kristina D.C. Hoeppner/Flickr/CC

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...