Enseignement en ligne : doutes sur les MOOCs

Cocorico : France-Université-Numérique.fr (dont j’espère — sérieusement — que le sigle tiendra les promesses…) vient de lancer huit cours en ligne auxquels se sont inscrits 100 000 étudiants. Une bonne nouvelle, révélatrice de notre retard dans le domaine de l’éducation en ligne. Et une invitation à réfléchir sur ce qui doit changer.

  • Définition : dans ces cours en ligne ouverts et massifs, enseignants et étudiants sont dispersés géographiquement et communiquent par l’internet.
  • Ils sont connus (et populaires) sous le nom de MOOCs (pour Massive Open Online Courses). « Dans le monde anglophone », précise Wikipedia, « il arrive fréquemment que 100 000 personnes soient réunies pour un cours » (un seul…), d’où le terme « massif ».

Malgré leurs limitations, les MOOCs sont un point d’inflexion dans l’histoire millénaire de l’enseignement.

Les réserves ne manquent pas : près de 90% des inscrits ne terminent pas. Mais ça n’est sans doute pas un bon critère. Quelques clics suffisent pour s’inscrire et quelques leçons peuvent piquer la curiosité, pousser à aller plus loin. Tout le monde ne cherche pas un diplôme.

Avantage énorme : toute personne ayant accès à l’internet peut profiter du meilleur enseignement. C’est le côté « social » du pari lancé en 2012 par Harvard, Princeton* deux professeurs de Stanford avec Coursera.org : plus de 6 millions d’utilisateurs et près de 600 cours.. Ils ont vite été rejoints par Princeton et d’autres universités (elles sont 108 au total) Vous pouvez même apprendre, à partir de ce lundi, « Comment changer le monde » (en anglais).

C’est aussi une façon pour les universités d’étendre leur réputation et le nombre de personnes susceptibles de venir s’inscrire IRL (In Real Life).

Coursera cherche encore son modèle d’affaire. edX.org (M.I.T, Berkeley etc) est une entreprise à but non lucratif. Mais la startup Udacity.com propose cours payants et diplômes dont un master du Georgia Institute of Technology. C’est insuffisant.

  • « Le système scolaire est cassé et tout le monde le sait » écrit Clay Shirky, professeur à l’Université de New York. Cela comprend ce qu’il appelle « Massif Offline Open College », le modèle hors-ligne dont le coût a augmenté de plus de 70% en dix ans alors que la valeur du diplôme obtenu baissait de 15%.
  • Clayton Cristensen, gourou de l’innovation, accuse les institutions existantes de ne pas aller assez loin : « Elles offrent des cours en ligne, mais ne changent pas le modèle existant. » Elles doivent permettre de gagner du temps et d’économiser de l’argent pour devenir vraiment perturbatrices (disruptive).
  • Il signale au passage l’expérience de MinervaProject.com, une startup de San Francisco qui rend ses cours en ligne accessibles dans des mini-campus répartis dans le monde entier.
  • L’interactivité qu’on trouve dans l’expérience de Minerva a lieu « quand ça convient aux étudiants pour ce qu’ils ont à faire ». Un premier pas vers une pratique plus ample de la formation horizontale ad-hoc et du passage – ce qui sera la vraie révolution – de l’accent mis sur l’éducation à celui mis sur l’apprentissage.

A lire aussi sur l’Opinion

Crédit photo :CC/Christopher Sessums

*Mise à jour le 09/02/2014 à 20h55 : Coursera n’a pas été lancé par Harvard et Princeton mais par deux professeurs de Stanford.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...