Le gouvernement du Rwanda est sans doute un de ceux qui fait le plus pour développer les TIC de façon systématique.

  • · Tout est encadré dans un plan lancé en l’an 2000 : Vision 2020. Il fixait comme objectif de transformer, en 20 ans, ce pays agricole en économie basée sur le savoir, et de promouvoir l’émergence d’une classe moyenne dynamique et entrepreneuse.
  • · Le plan avance si bien que les objectifs ont été révisés à la hausse. En mars 2012 le gouvernement a décidé qu’il fallait atteindre une durée de vie moyenne de 66 ans en 2020 (55 ans dans le plan initial) et de faire passer le PIB par habitant à 1240 dollars US au lieu des 900$ prévus au départ.
  • · La croissance a été de 8,2% par an au cours des 5 dernières années. Les organismes internationaux prévoient 7,3% dans les années à venir, « mais nous nous sommes fixés come objectif de passer à 11,5% par an grâce au développement des TIC qui permettent un accroissement de la productivité, » m’a expliqué Jean Philbert Nsengimana, ministre de la Jeunesse et des Technologies de l’information que je viens d’interviewer à Kigali.
  • · « L’infrastructure n’est plus une priorité, » dit-il. La fibre optique a été installée dans tous les districts (départements) du pays (5.000km) et un accord vient d’être passé avec une firme coréenne pour le déploiement d’un réseau 4G LTE. Cela devrait permettre à 95% de la population d’avoir accès à l’internet dans 3 ans (8,3% aujourd’hui).
  • · Restent l’énergie très problématique dans un pays sans pétrole qui veut tout informatiser.
  • · Le problème principal est l’éducation parce que ça prend du temps. L’installation au Rwanda d’un campus de l’Université Carnegie Mellon (une des toutes premières en informatique) permet d’envisager la formation d’ingénieurs de qualité au rythme de quelques dizaines par an.
  • · Indispensable, la formation à la base et au milieu de la pyramide est plus problématique. Il est clair que les systèmes scolaires et universitaires traditionnels ne pourront pas résoudre le problème.

Le Rwanda montre que les TIC peuvent jouer un rôle clé pour le développement des pays les moins favorisés. Mais il y a des limites à ce que peut obtenir une politique volontariste.

  • · La question de fond est celle de la culture. Les rwandais, qui ont souffert un génocide atroce, respectent l’ordre et la discipline. Quand ont leur dit de faire quelque chose, ils le font sans demander pourquoi. C’est parfait pour l’exécution d’un plan.
  • · L’efficacité de Vision 2020 tient au fait que les mauvais exécutants sont vite remerciés. Mais innover c’est désobéir, « demander pourquoi » est à la base de tout processus d’innovation, et il n’y a pas d’innovation sans tolérance pour l’échec.

Les TIC sont un fabuleux levier. Mais, qui veut transformer doit toujours s’attaquer à la culture. « Bille en tête » comme le recommande le professeur Daniel Isenberg dans son célèbre article sur « Comment lancer une révolution entrepreneuriale ».

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J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...