Les conférences TED s’intéressent aux villes et viennent de lancer une opération majeure pour nous aider à mieux comprendre leur importance, à mieux agir pour résoudre nos problèmes les plus pressants en les transformant.

Le 20 septembre une conférence intitulée TEDCity2.0 Day s’est tenue à New York en même temps que 139 sessions de TEDx en suivaient les débats un peu partout dans le monde. Ouvert à cette occasion, le site TheCity2.org se présente comme « un lieu de rencontre des citoyens des villes pour partager des innovations et inspirer des actions ».

Et pour marquer le coup la vidéo envoyée cette semaine à ceux qui suivent les conférences TED s’intitule : « Pourquoi les maires devraient diriger le monde », du professeur Benjamin Barber.

Les problèmes d’aujourd’hui – des pandémies au terrorisme – ignorent les frontières et reposent sur l’interdépendance alors que nos institutions, forgées aux XVIIème siècle reposent encore sur la souveraineté.

Pour sortir de l’impasse, il suggère « d’arrêter de parler des nations et de commencer à parler des villes ». Loin des discours abstraits des présidents et premiers ministres, les maires ont à résoudre quotidiennement des problèmes concrets. Il est temps qu’ils se mêlent de gouvernance globale « avec les citoyens qu’ils représentent ».

A la conférence qui s’est tenue à New York, Kassim Reed, maire d’Atlanta lui a fait écho en affirmant « qu’on peut changer les choses plus vite si on les aborde au niveau de la ville ». Reste à s’assurer que les maires écoutent leurs citoyens.

La façon la plus sûre, selon l’auteur Eric Liu, est de les « alphabétiser » sur les mécanismes du pouvoir. Ce qu’il fait dans son Université citoyenne. Les décisions qui comptent se jouent de plus en plus au niveau de la ville mais, contre « l’esprit de clocher », il se propose d’en faire un « réseau d’espaces connectés ». Un point repris par Chris Anderson, l’organisateur des conférences TED, pour qui l’idée de sa nouvelle initiative est précisémment « qu’elles puissent s’inspirer mutuellement ».

Dans le plus parfait style des conférences TED, la plupart des intervenants avaient de belles histoires à raconter :

  • Fabuleux conteur, l’architecte Francis Kéré (formé à Berlin) est né dans un petit village du Burkina Faso dans lequel il est retourné pour aider les siens à construire eux-mêmes écoles et autres bâtiments publics.
  • Alan Ricks anime un projet ouvert (crowdsourced) de constructions d’immeubles « verts et beaux » dont l’exemple le plus frappant est un hôpital du Rwanda un pays dans lequel, quand il est arrivé, « il n’y avait même pas de mot pour ‘architecte’ ». Son équipe est parvenue à montrer que « la beauté n’est pas nécessairement pour les autres ».

Voilà pour l’émotion. La partie la plus concrète concernait la la reconquête des rues sur les voitures pour les livrer aux bicyclettes mais surtout aux piétons.

Janet Sadik-Khan, responsable des transports de New York a expliqué comment la municipalité sortante a transformé 10ha de chaussées en places pour piétons et lancé un projet pilote pour limiter la circulation sur Times Square. Tout ça piloté avec du big data. Ainsi dans les zones reprises aux voitures les ventes des commerçants ont augmenté de 49%. Un excellent argument pour continuer.

Jeff Speck, auteur d’un livre plaidoyer intitulé « The Walkable City », la ville dans laquelle on peut marcher, défend lui aussi sa thèse avec chiffres et graphiques. L’argent dépensé en essence quitte le lieu où elle est utilisée alors que pistes cyclables et passages piétonniers se traduisent en dépensent locales. Les chiffres sur l’obésité, endémique aux États Unis correspondent aux endroits où les gens utilisent le plus la voiture.

La ville apparaît ainsi comme le niveau où les problèmes se résolvent. Même ceux de l’environnement. Plus la densité de population est forte, moins on émet de CO2 par habitant. Convenablement équipées et organisées, les villes semblent une meilleure réponse que les panneaux solaires ou l’énergie éolienne. Pas incompatible mais plus efficace.

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J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...