Quelles tendances as-tu repérées pour 2013 ?

Inévitable et déjà présente, la première tendance devrait marquer plus que l’année puisqu’elle concerne la décennie et même le siècle. Il s’agit des robots. Pas une nouveauté, me diras-tu, mais une réalité qui prend beaucoup d’importance.

Ils font déjà partie de notre vie quotidienne selon le Boston Globe qui donne toute une série d’exemples parmi lesquels je retiens :

  • Siri, le logiciel de l’iPhone qui opère comme une sorte de valet de Starwars mais qu’on peut porter toujours sur soi;
  • et les drones, ces avions sans pilotes utilisés dans les guerres d’aujourd’hui et de plus en plus dans la vie civile et économique.

L’important c’est que nous ne pouvons plus les regarder comme des objets de science fiction. Ils effectuent des tâches industrielles et même dans les services.

Au point que certains – comme le célèbre économiste Jeffrey Sachs – commencent à nous annoncer une « misère à long terme » due au fait qu’ils suppriment des emplois.

Kevin Kelly, un des fondateurs de Wired, affirme qu’avant la fin du siècle ils auront enlevé leur emploi à 70% des travailleurs américains, toutes industries confondues. Mais comme il est le chef des techno-optimistes, il nous invite à les laisser faire et à nous consacrer à des choses vraiment importantes, comme l’art et la création.

Ceci dit j’ai bien apprécié la remarque de Cory Doctorow, lui même écrivain de science-fiction pour qui la question la plus importante est, je cite : « Une fois que la technologie crée de l’abondance, quelles sont les possibilités pour en distribuer les fruits de manière plus équitative ? »

Question essentielle en effet, mais n’as-tu pas quelque chose de plus immédiat que l’impact des robots à la fin du siècle ?

Tu as raison. Parlons d’objets.

  • La première tendance forte concerne les voitures de plus en plus intelligentes et de plus en plus connectées à l’internet. Cela va des cartes sophistiquées, accessibles en temps réel sur le tableau de bord aux voitures sans chauffeur qui commencent à circuler du côté de Silicon Valley. Ce à quoi il faut ajouter l’achat pour 500 M$ par Avis de la compagnie Zipcar – la version AutoLib américaine.

C’est une indication majeure du fait que les voitures tendent à devenir des services plus que des objets : nous nous intéressons moins à la possession et plus à l’usage. Et j’adore le fait que l’application pour téléphone mobile joue un rôle essentiel dans la mesure où elle permet aux utilisateurs de savoir où ils peuvent trouver un véhicule ou une place de parking.

  • A cela il faut ajouter les imprimantes 3D qui commencent à être à la portée des particuliers. Aux États-Unis on parle beaucoup de Form1 lancé sur Kickstarter et qui devrait coûter 2.300 dollars (1800 €). Mais j’ai à Hong Kong j’ai rencontré Jonathan Buford qui en fabrique pour 300 dollars (~230 €)
  • Et pendant que nous y sommes nous ne saurions oublier les Google Glass, les lunettes Google qui permettent d’être connecté et de communiquer en permanence au point de faire de nous presque des cyborgs, ces mélanges d’humains et de machines intelligentes.
  • Enfin, si tu me permets, un dernier objet qui me paraît fabuleux et devrait arriver dans les semaines qui viennent, j’ai repéré LeapMotion, une petite boîte que l’on met devant son ordinateur.

Elle fonctionne un peu comme kinect et nous permet de donner par geste – des mains et des doigts – des instructions à la machine. Finies les souris mais, pour ce que je comprends le clavier peut-être encore utile. En tous cas ça ressemble étrangement à Minority Report et on peut l’avoir chez soi. Ça vaut 76 dollars et… j’en ai commandé une

En t’écoutant je me demande si les technologies dont tu nous parles ne servent pas d’abord à consommer…

Disons qu’elles sont une opportunité fabuleuse pour les marchands d’objets de gagner beaucoup d’argent. Mais nos auditeurs savent qu’elles servent aussi à résoudre les problèmes du monde. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ne servent pas à en créer comme nous l’avons déjà vu et comme nous en reparlerons bien évidemment.

Mais à propos de leur utilité humanitaire j’ai lu avec beaucoup d’attention que Google vient de donner 5 M $ à une jeune entreprise sans but lucratif appelée Charity:Water qui installe des pompes à eau potable un peu partout dans le monde. Le besoin est considérable puisqu’une personne sur 9 n’a pas accès à de l’eau buvable et l’objectif est de le leur fournir.

Le projet Google consiste à doter de capteurs 4000 puits installés en Afrique pour mesurer l’efficacité des pompes et dans quelle mesure elles continuent à fonctionner. Ça devrait permettre à Charity:Water de s’assurer et de montrer aux gens qui lui donnent de l’argent que ses projets sont durables et servent à quelque chose.

Un article récemment publié dans le Daily Caller – un site d’information dont certains disent qu’il est la version conservatrice du Huffington Post – explique que l’initiative de Google est une nouvelle forme de philanthropie.

Au lieu d’intervenir sur des « secteurs » comme le fait la fondation Gates avec la malaria elle cherche à repérer des technologies susceptibles d’avoir un véritable impact social. Au lieu de chercher des institutions ayant fait leurs preuves elle accepte le risque inhérent à toute innovation tout en se donnant le moyen de vérifier leur efficacité réelle.

C’est ce qu’on appelle le « risque informé ». Un concept auquel nous avons tous intérêt à réfléchir.

Billet publié sur le site de l’Atelier des Médias, émission de RFI

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...