Article publié dans le supplément Science&Techno du Monde du 2 juin

Ollie et Anantya sont deux geeks indonésiennes hors du commun, deux  » techpreneuses  » comme elles aiment à se définir. Ollie, 28 ans, de son vrai nom Aulia Halimatussadiah, diplômée en informatique, a un site de livres électroniques, tient plusieurs blogs, participe à l’animation de communautés d’enthousiastes numériques, d’investisseurs et d’éducateurs intéressés par le numérique. Elle a aussi écrit 20 livres dont la moitié de fiction sentimentale. Son nom de clavier est  » Salsabeela « .Anantya Van Bronckhorst, 32 ans, a fondé, en 2006, Think.Web.id, une agence online (50 employés) dont elle est la directrice. Elle dirige quatre sociétés dont une de relations publiques numériques et une de placement d’annonces reposant sur AdWords, de Google. Elle essaye de promouvoir l’adoption de la radio-identification (RFID) et anime avec Ollie le chapitre indonésien de Girls in Tech, un réseau mondial mené par des femmes.Entrepreneuses, intellectuelles, militantes, informaticiennes, ces deux femmes sont l’incarnation de ces enfants d’Archimède qui font le pari des technologies de l’information pour faire bouger le monde, malgré les embûches. » La technologie est encore une barrière pour les femmes « , explique Anantya. A Girls in Tech, elles organisent des réunions tous les deux mois, font venir des conférencières (et quelques hommes) mais se soucient aussi de pénétrer les écoles et les universités.  » Plus nous éduquons les filles jeunes, plus elles seront ouvertes aux technologies « , estime Anantya.Ollie a dû demander la permission de son père pour abandonner son travail salarié et créer son entreprise. Anantya a pu compter sur le soutien de sa famille mais pas sur son argent pour lancer sa société. Ses amis lui disent que les hommes ont peur de l’approcher car elle est au top.Ollie vient de divorcer.  » Malgré mes efforts pour équilibrer ma vie personnelle et professionnelle, je n’y suis pas arrivée, constate-t-elle. Comme toutes les Indonésiennes, je travaillais de onze heures à seize heures par jour. Je faisais la cuisine. Pour rien, car l’ego de l’homme ne supporte pas tout ce qui nous arrive. Il voulait être supérieur, ce qui n’a aucun sens car nous avions démarré ensemble. Ma carrière a décollé après mon divorce. «  » Les développeuses sont rares, explique Anantya. Aucune n’a posé sa candidature pour entrer dans mon agence, Think.Web.id. Ça n’est pas encore perçu comme une carrière en médecine ou dans les médias. Mais ça permettra de trouver des jobs plus sexy dans un futur proche. « Parmi ses activités, Ollie fait une grande place à la mode. Dessinatrice de ses modèles, elle se flatte de promouvoir un  » muslimah wear « , un style musulman qui flatte la femme tout en respectant les règles de la religion, dont le port du hijab, et vend sa production sur Salsabeelashop.com.  » Les technologies de l’information font des progrès rapides dans ce domaine, estime-t-elle. J’ai des magasins online et offline. J’utilise Facebook et BlackBerry Messenger pour vendre. J’organise des compétitions sur Twitter au cours desquelles nous échangeons des photos de ce que nous portons. « Soucieuse de faire avancer la communauté en même temps qu’elle, Ollie a participé à la création de StartupLokal.org pour échanger sur les expériences de chacun, qu’elle aide à faire grandir avec Project Eden, le premier accélérateur indonésien pour start-up.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...