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Peu nombreux et terriblement isolés, les Australiens sont des fans du crowdsourcing (externalisation distribuée) qui leur permet de travailler avec des millions de personnes dans le monde entier.  » Nous sommes leaders mondiaux. C’est notre avenir « , estime Ross Dawson, auteur, avec Steve Bynghall, de Getting Results From Crowds (Advanced Human Technologies, 2011). S’il a raison, ce résultat sera dû à un curieux mélange d’accidents et d’adéquations culturelles et géographiques.Les  » accidents  » sont le fait d’une poignée d’entrepreneurs australiens qui se sont lancés sur ce marché alors qu’il était encore naissant. Matt Barrie, ainsi, a fait des études à Stanford, lancé deux ou trois start-up ; puis il a trouvé une boîte suédoise pleine de promesses et de défauts qu’il a rachetée, rebaptisée Freelancer.com, restructurée et relancée. Gros succès. » Nous avons 3,4 millions d’utilisateurs, explique-t-il dans son bureau sur le port de Sydney. Plus de 1,5 million de projets ont été traités et nous avons payé 125 millions de dollars (95 millions d’euros) aux indépendants (freelancers) qui les ont menés à bien. Leur qualité et leur sophistication explosent. Ils réalisent des tâches en biotechnologie, aérospatiale, physique quantique, etc. « L’avenir du travail Les travaux proposés proviennent à 40 % des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne (10 %), de l’Inde (7 %), de l’Australie (5 %) et du Canada (4 %). Alors que lesfreelancers viennent à 34 % de l’Inde, puis du Pakistan, du Bangladesh, des Philippines, de Chine et de Roumanie.  » Nous mettons en relation des entrepreneurs occidentaux avec des entrepreneurs du tiers-monde « , dit Matt Barrie. Le freelancer qui a le mieux réussi sur son site gagne 1 million de dollars par an et emploie 80 personnes.DesignCrowd.com permet, pour sa part, de tirer parti des talents de plus de 70 000 designers. Le client explique ce dont il a besoin et le prix qu’il est prêt à payer, reçoit des dizaines, voire des centaines de propositions, sélectionne, et peut demander des modifications, suggérer des collaborations jusqu’à l’acceptation du résultat final. Le processus peut être plus collaboratif que celui de Freelancer.Le troisième poids lourd local est Kaggle.com, spécialisé dans la compétition pour le traitement des données scientifiques et la modélisation prédictive. Institutions et entreprises postent leurs données et leurs problèmes, et matheux et statisticiens du monde entier se battent pour les résoudre. A la fin, celui qui a lancé la compétition  » paie le prix en échange de la propriété intellectuelle sur laquelle repose le modèle gagnant « , précise le site.En fait, ces trois entreprises n’utilisent pas le crowdsourcing de la même façon, mais, pour Ross Dawson, ce qui compte, c’est de  » tirer parti d’un grand nombre de cerveaux « . Et il relate dans son livre que Freelancer.com est  » plus un marché sur lequel acheteurs et vendeurs se retrouvent que l’agrégation de beaucoup de contributions permettant d’obtenir un résultat collectif « . Mais c’est aussi une des solutions qui risquent de bouleverser le plus l’avenir du travail. Ross Dawson dit être convaincu que  » presque tout ce qui n’implique pas de contact physique, comme masser ou coiffer, peut être fait indépendamment de la distance « .C’est bien pour cela que l’outsourcing ( » externalisation « ) a un tel succès en Australie.  » Nous avons une mentalité globale qui vient de notre grand isolement « , estime M. Dawson. A quoi il ajoute une  » sensibilité aux différences culturelles «  qui tient aux  » affinités «  avec l’Europe et les Etats-Unis et à la présence d’une très large population asiatique.  » Ça compte pour le crowdsourcing. La participation de milliers de gens de différents pays met en oeuvre un processus complexe de relations. Plus il y en a, plus ça compte. « 

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...