wolfram.1236585449.jpg Curieux dimanche du côté de San Francisco. La blogosphère locale s’enflamme autour d’une proposition peut-être géniale, sûrement enflée.

Il s’agirait d’un nouveau type de moteur de recherche capable de révolutionner le web et de faire trembler Google.

Mais nous n’en savons presque rien, si ce n’est le nom : Wolfram Alpha .

Nous ne disposons pour le moment que de deux sources : un billet de Nova Spivack , type sérieux, patron de Twine , qui a eu le droit à une démo de 2h dont il est sorti plutôt émerveillé.

Il s’agirait d’un moteur de recherche qui au lieu de travailler sur les questions se concentre sur les réponses (c’est là toute l’astuce) grâce à des algorithmes sophistiqués et des bases de donnés gigantesques. Il se limite, mais c’est énorme, aux questions factuelles du genre : Dans quel hémisphère se trouve Tombouctou ? ou Combien de protons y a-t-il dans un atome d’hydrogène ?

L’autre source est un billet de l’inventeur lui-même dans lequel il précise que pour parvenir à ses fins il a préparé toutes les données dont il dispose pour qu’ensuite le recours à des outils informatiques sur mesure permette aux questions de trouver les réponses qui les attendent.

Difficile d’en dire sérieusement plus puisque c’est à la fois extrêmement compliqué et presque totalement secret.

Stephen Wolfram, l’inventeur, est un type hors du commun et qui le crie très fort. Docteur en physique théorique à l’âge de 20 ans (en 1979) il a lancé en 1988 un logiciel mathématique qui a bouleversé le genre et écrit une somme (A New Kind of Science, en 2002) qui prétendait bouleverser la science… mais n’a pas eu autant de succès que prévu (pour le moment ?).

Nous en saurons plus en mai, date prévue pour la sortie de l’engin.

Ce qui m’a frappé en lisant ces billets et une partie des 6.000 autres qui sont apparus comme champignons en temps de pluie c’est l’enthousiasme pour cette promesse qui reste vague et mystérieuse (et l’absence d’informations). Le type a un joli pedigree mais les fins de semaine de presque printemps ne semblent pas propice à l’esprit critique.

J’ai bien aimé l’article d’Ars Technico carrément sceptique et le rappel, parmi d’autres, du fait que les faits sont plus têtus et plus complexes et fuyants que ce que ne pourraient croire certains scientifiques, surtout théoriques.

Les autres se laissent impressionner par le type et sa grande gueule. A moins qu’ils ne se laissent entraîner par l’envie de trouver vite un successeur à Google.

Le moteur de recherche dominant peut encore compter sur son énorme infrastructure pour se maintenir à l’abri des mauvaises surprises pendant quelques années. Mais c’est quand même marrant et stimulant d’imaginer qu’il suffit qu’un loulou ou une petite équipe inconnue pose d’une façon différente le problème qu’il résout mieux que tous les autres pour le moment, pour se voir menacé.

Et le pire, ou plutôt le meilleur, c’est que ça pourrait bien arriver.

C’est ça l’innovation…

[Photo Flickr de Hybernaut ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...