Je voudrais seulement lancer une discussion sur un sujet qui me taraude depuis quelques temps et que je formule, pour le moment de la façon suivante:
L’innovation, moteur du capitalisme, continue bon train. Le numérique, les nanotechnologies et les technologies du vivant ouvrent de nouveaux espaces qui pourraient même se traduire par une accélération jusqu’à atteindre un point de changement d’échelle que les spécialistes (Kurzweil entre autres) appellent « singularité ».
Les usagers se divisent entre un très petit groupe de passionnés qui essayent tout ce qui est nouveau et une immense majorité de personnes qui peinent à s’approprier ces technologies que, cependant elles utilisent.
J’ai l’impression donc qu’au fossé numérique (digital gap) qui tend d’une certaine façon à se réduire si on le pose simplement en termes d’accès s’ajoute celui qui séparent ceux qui se servent pleinement des TIC et ceux qui les utilisent incomplètement. J’en ai déjà parlé à propos des travaux d’Henry Jenkins.
A cela s’ajoute peut-être une nouvelle brèche que j’appellerais volontiers en anglais (ça sonne bien) la Technology appropriation gap (TAG) qui sépare le rythme d’innovation des entreprises de pointes et notre capacité de nous approprier de ces outils qu’ils essayent de nous vendre.
Si elle existe, elle pourrait fort bien se traduire par un double problème: nous avons chaque jour plus de mal à nous maintenir à jour et, au bout d’un moment, ils auront (mais peut-être est-ce déjà le cas) plus de difficultés à nous vendre ou à nous convaincre d’utiliser des outils et des services dont nous ne comprenons pas bien l’usage ou qui sont trop difficiles à utiliser dans notre univers quotidien.
Si elle existe, cette brèche, nous avons tous intérêt à tenter de la combler au moyen de la formation et d’une révolution dans la façon de concevoir l’éducation.
Qu’en dites-vous?