Comme tous ceux qui suivent l’évolution des TIC j’écris et je parle de ce que nous faisons « dans les nuages », du fait que nous pouvons collaborer en ligne en laissant nos documents dans l’éther, que nous pouvons mener une vie nomade sans porter le moindre ordinateur et autres idées plutôt séduisantes dans le genre.

J’ai sans doute tort et il pourrait bien s’agir d’une illusion comme le soulignent deux articles que j’ai lus par hasard dans la même journée.

Le premier se trouve dans The Economist de cette semaine et souligne l’empreinte écologique des serveurs grâce auxquels nous entretenons l’illusion de travailler « dans les nuages ». Il y aurait maintenant 7.000 « data centers » que l’on appelle aussi « data farms » aux États-Unis seulement. Il devrait y avoir près de 16 millions de serveurs en 2010. Google en a environ 1 million et Microsoft en ajoute 20.000 par mois à sa propre base dans l’espoir de rattraper son retard.

The Economist estime qu’il faut « souvent autant d’énergie pour empêcher ces serveurs de chauffer qu’il en faut pour les faire tourner » et ça fait beaucoup.

Le second article provient de la BBC . Il récuse la notion « parce que, derrière toute la rhétorique et les sottises promotionnelles, il n’y a pas de ‘nuage’: chaque donnée est gardée dans un disque dur physique ou dans une mémoire « solid state », chaque instruction est traitée par un ordinateur physique et les interactions du réseaux elles-mêmes connectent deux lieux du monde réel. »

L’internet, ajoute Bill Thompson, l’auteur, « est fermement dans le monde réel, et c’est un des plus grands problèmes auxquels se heure l’informatique dans les nuages. Dans le monde réel, les frontières nationales, les rivalités commerciales et les impératifs politiques entrent en jeu et transforment le nuage en miasme plein de menaces. »

Il en veut pour preuve le fait que le gouvernement canadien n’autorise pas que l’informatique du secteur public soit hébergée sur des serveurs américains où le gouvernement voisin pourrait toujours obtenir l’autorisation d’aller y fourrer son nez.

Nicholas Carr (chez qui j’ai trouvé la référence ) parie que les entreprises intéressées ne laisseront pas se répandre l’expression « l’informatique dans les miasmes ».

Sans aller jusqu’à en prôner l’usage, il est clair que nous devons trouver une image un peu plus juste, quitte à ce qu’elle soit moins commerciale, que « l’informatique dans les nuages ».

Des idées…?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...