sousveillance-wikipedia.1210781985.jpg Les traces que laissent nos activités online conduisent à un risque accru de surveillance. A côté de celle dont nous pouvons être l’objet de la part de l’État (Big Brother), il faut ajouter l’intérêt que nous portent les entreprises privées (Little Sisters), ne serait-ce que pour nous proposer une publicité plus efficace.

L’endroit de cette médaille est qu’aujourd’hui ceux du dessous peuvent surveiller les puissants (ce que Jamais Cascio appelle le «panoptique inversé» en hommage à Foucault et à Bentham). D’une façon plus générale, les membres de toute communauté peuvent maintenant se tenir informés des événements susceptibles de concerner le groupe. C’est ce que Steve Mann appelle la «sousveillance» , un concept plus ouvert.

Les réseaux sociaux ajoutent une nouvelle couche qu’Anders Albrechtslund, un universitaire danois, appelle «surveillance participative» (participatory surveillance) dans un essai récent publié par l’excellente revue online First Monday.

Le mise en ligne d’informations nous concernant peut-être vue, selon lui, comme une prise de pouvoir (empowering) «dans la mesure où elle est une manière d’établir des relations volontaires avec d’autres et de construire des identités». exhibitionnisme apparaît ainsi comme «libérateur parce qu’il représente le refus d’être humble».

Intéressant, mais pas suffisant.

En 2007, la blogueuse Leisa Reichelt parlait «d’intimité ambiante» (ambient intimity) pour évoquer la publication par nous mêmes (grâce à Twitter, Facebook ou Flickr par exemple) de multiples informations nous concernant.

Elle a révisé cette notion sympathique et parle maintenant «d’exposition ambiante» [si vous avez une meillere traduction à proposer n’heesitez pas] (ambient exposure ) au double sens de ce qu’on affiche et de ce à quoi on s’expose. Les «amis» étant facilement «tout le monde», nous perdons la notion claire des intimités que nous partageons et risquons de faire à n’importe qui des confidences qui deviennent ainsi potentiellement publiques.

Nous arrivons ainsi à trois niveaux de contrôle social: la surveillance (publique et privée), la sousveillance (qui surveille le centre ou la communauté) et la vigilance participative (alimentée par ce que nous pourrions appeler nos besoins d’intimité publique sur les réseaux sociaux).

Équilibrer le premier grâce au second me semble fort utile. Je ne suis pas sûr, par contre, d’avoir envie de revenir – à l’échelle de la planète – à cette vie dans les villages d’antan où tout le monde savait tout sur tout le monde.

Et vous?

[L’image illustre l’article « sousveillance  » de Wikipedia en anglais]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...