freehugs-flkr-moonwire.1207294197.jpg Relancé par un article sur l’économie du gratuit (Freeconomics) dans la revue Wired, le débat sur comment gagner de l’argent et prospérer sur le web (et à côté) est reparti de plus belle. Nous le devons à Chris Anderson qui, après son ouvrage sur La longue traîne (voir ce billet , celui-ci et celui-là ), se lance dans une nouvelle aventure: le gratuit.

Commençons par sa thèse.

Gilette avait compris quelque chose d’essentiel quand il décida de donner des rasoirs pour mieux vendre les lames. La nouveauté c’est que « le coût des produits eux-mêmes est en train de chuter à toute vitesse ». Outre la globalisation, nous le devons, dans le domaine des technologies de l’information, à la loi de Moore qui veut que le prix des transistors diminue de moitié tous les 18 mois et au fait que les coûts de stockage et de transport tendent vers zéro. Imaginez, dit-il, les prix que pratiquerait un restaurant qui n’aurait à payer ni la nourriture ni ses employés.

Si certains coûts baissent assez pour devenir insignifiants pour les entreprises, il en va tout autrement du consommateur. Il ne fait aucun doute pour Anderson que « zéro [comme dans zéro centimes] définit un marché alors que tous les autres prix en constituent un autre ». C’est à cause de « l’énorme fossé psychologique séparant ‘presque zéro’ de ‘zéro’ que les micro paiements ont échoué ».

Dans une entrevue au magazine Advertising Age (inscription obligatoire), il distingue trois types de gratuit: quand le service est payé par un tiers (la pub à la radio, ou le « freemium », modèle dans lequel une partie est gratis alors que les services Premium sont payants); quand les coûts tendent vers zéro comme le stockage de nos courriels sur le web; et l’économie du don. Marginale hier elle est à la base de Wikipedia, de Craigslist (le service de petites annonces gratuites) et d’une partie de la blogosphère.

Anderson distingue deux sortes de difficultés pour comprendre l’évolution en cours. D’une part, « pour suivre ce qui se passe avec l’argent il faut passer de la vision basique d’un marché comme étant la mise en contact de deux parties – acheteurs et vendeurs – à une vision plus ample d’écosystème composé de parties multiples dont seulement une partie échangent du liquide (cash) ». L’énorme valeur de Craigslist, par exemple (évaluée depuis hier à 5 milliards de dollars ) est en fait distribuée entre ses millions d’utilisateurs.

La deuxième difficulté est que, outre nos relations psychologiques à la valeur des choses, l’argent n’est pas la seule variable rare, et donc chère. Il en va de même pour le temps et pour la réputation. Google par exemple transforme la réputation d’un site en trafic puis en pub. Or, explique Anderson: « Toute chose que vous pouvez transformez de façon continue en cash est une forme de monnaie et Google joue le rôle de banque centrale pour ces économies nouvelles ».

L’explication est encore un peu courte mais elle fonctionne parfaitement comme un appât pour nous donner l’envie d’en savoir plus. Pour cela il faudra attendre le bouquin… qui sera disponible gratuitement en ligne promet Anderson.

Nous verrons demain ce qu’en disent ses détracteurs américains les plus aigus.

N’attendez pas pour nous dire ce que vous en pensez.

[Photo Flickr en Creative Commons de moonwire ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...