Contrairement au reste du pays Silicon Valley continue à affecter un certain optimisme « prudent », comme nous l’avons vu la semaine dernière . Ça a de quoi surprendre, mais ça s’explique par le découplage entre l’économie étatsunienne et l’économie globale, d’une part, et par la différence de perception entre Wall Street et Silicon Valley, d’autre part.

L’économie nationale peut aller mal. Les grosses boîtes de Silicon Valley sont maintenant globales et bénéficient du dollar faible. 60% des revenus de Sun Microsystems, par exemple, proviennent de l’étranger. Ça lui a permis d’annoncer des profits pour le dernier trimestre grâce à d’excellentes ventes en Europe de l’Est, en Inde et en Chine. Les recettes d’IBM n’ont augmenté que de 2% cette année aux États-Unis et de 20% en Asie.

Ce relatif optimisme pourrait disparaître vite si la crise devenait mondiale ce qui est fort possible. Mais un drame américain devrait avoir moins de répercussions qu’avant. Mark Anderson, le futurologue que j’ai déjà cité plusieurs fois, parle maintenant de situation « post-domination » .

Reste la différence de perception entre Silicon Valley et Wall Street. Cette dernière qui oscille toujours, observent les vieux sages, entre la peur et la cupidité (fear and greed) est prise de panique alors que Silicon Valley croît encore à ses gains mirobolants. Le conflit est inévitable et il explique le mauvais traitement réservé aux actions d’Apple et d’Intel malgré les bons résultats obtenus par les deux compagnies.

Au-delà des sentiments, ce sont les commandes des entreprises dans le domaine des TIC qui comptent. Selon IDC l’augmentation devrait être de 4% en 2008 contre 7% en 2007. Un ralentissement mais pas une catastrophe. En 2001 (récession plus 11 septembre), les dépenses du secteur avaient chuté de 11% en deux ans. Le ralentissement est inévitable mais il n’est pas pour le moment question de catastrophe. Les cadres auront moins de Blackberry et d’iPhones mais les achats sérieux devraient être maintenus.

La vraie faiblesse pourrait provenir du fait que la publicité est presque le modèle exclusif de web 2.0 et qu’elle souffre toujours en période de crise même si l’impact de ce phénomène devrait être lui-même partiellement compensé par le fait que les budgets publicitaires se déplacent de plus en plus clairement vers le online. C’est la faiblesse du modèle économique du w2 et l’heure de vérité s’approche.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...