« Ça pourrait devenir intéressant mais, pour le moment je reste prudent. » Tel semble être le sentiment dominant chez les gens qui s’intéressent à Facebook sans chercher à ou sans avoir les moyens d’y investir des fortunes.

socialgraphbuble-davidsimonds-e-071018.1193007451.jpgUn article publié dans The Economist de cette semaine montre bien certaines limites d’un phénomène pour lequel des millions de gens se passionnent sans que personne ne sache vraiment vers où ça nous entraîne.

Les négociations en cours avec Google, Yahoo et Microsoft qui se battent pour un morceau du veau d’or indiquent une sorte de délire financier qui se traduirait par une évaluation de la boîte en « beaucoup de milliards de dollars » (voir aussi ce billet ). L’article n’explique pas – c’est peut-être évident pour ses lecteurs – que c’est la logique même de Silicon Valley où la plus grande peur est de manquer une opportunité de gagner des montagnes de dollars alors que l’éclatement d’une bulle est perçu comme un mécanisme d’assainissement.

L’article limite à deux les innovations réelles de Facebook: le fait de laisser d’autres sociétés créer des applications sur Facebook et de garder les revenus ce qui a conduit à la création de 5.000 widgets à ce jour. L’autre trouvaille est le « mini-feed » qui permet aux usagers

Il analyse le « graphe social » (la « carte » des liens entre les gens) sur lequel Facebook construit sa stratégie. Alors que les réseaux bénéficient en général du fait que leur valeur augmente beaucoup plus vite que le nombre de participants (pas vraiment au carré comme le prétend la « loi de Metcalfe » mais quand même) les réseaux sociaux s’étouffent quand ils sont trop grands. Nous n’avons pas grand-chose à faire des milliers de gens qui dans quelques mois se diront nos « amis » mais dont nous ignorons tout. Pour Paul Saffo de l’Institute For The Future , « la valeur d’un réseau social n’est pas seulement définie par ceux qui sont dedans mais par ceux qui en sont exclus ».

L’impact économique de cette limitation est que la pub sur Facebook est aussi ennuyeuse que sur un journal que tout le monde lit ou à la télé que tout le monde voit. Elle perd la dimension utile qu’elle a quand on cherche une info sur une voiture, un shampoing ou un restaurant.

Ayant compris ce problème, Ning se veut un réseau de réseaux et laisse les gens créer des univers ad-hoc. Ça laisse tout sa place à la diversité. Il nous restera à trouver une façon de gérer les différents réseaux auxquels nous appartenons ce qui passe sans doute par le contrôle de notre identité digitale et l’adoption de standards permettant d’établir des communications entre tous ces réseaux.

[Illustration de David Simonds publiée avec l’article de The Economist le 18 octobre 2007]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...