Ce que les usagers sélectionnent comme actualité sur les sites dont ils sont maîtres et l’actu vue pare les journalistes (celle qu’on trouve à la une de nos journaux) n’ont pas grand-chose à voir. La première est plus orientée style de vie et techno, elle est plus casanière, alors que l’autre… vous la connaissez.

 

Comme je l’ai raconté hier , ces conclusions tirées d’une étude d’un think tank de Washington le Project for Excellence in Journalism (PEJ) conduisent certains à conclure que nous risquons de ne plus être informés.

Pas si simple.

Les questions auxquelles l’enquête prétend répondre son assez révélatrices: « Si un jour nous avions un monde sans journalistes ou, en tous cas, sans responsables de rédactions, à quelle actu (news agenda) serions nous exposés? Quelles seraient les différences entre une « Une » préparée par les citoyens et une autre du type de celles que nous préparent les professionnels? »

Ça a l’air intéressant, mais la question ignore un point fondamental: aucun des trois sites étudiés (Digg.com, Reddit.com et del.icio.us) ne fonctionne dans un écosystème sans médias traditionnels. Ils fonctionnent à côté d’eux et ne sont intéressants que quand ils attirent notre attention sur des thèmes et des articles dédaignés par la grande presse. Qui aurait l’idée de recommander un article évident publié à satiété dans sa communauté?

C’est ce que pense Fabrice Florin, fondateur et directeur exécutif de NewsTrust , un site qui invite les usagers à noter le sérieux et la qualité des articles publiés dans la presse traditionnelle. « Je crois qu’en effet beaucoup d’utilisateurs de ‘social news sites’ y participent pour découvrir des perspectives différentes des medias traditionnels, » m’a-t-il déclaré dans un courriel.

Et, en s’appuyant sur l’expérience de NewsTrust il ajoute:

« Dans le vieux monde des grand medias traditionnels, les actualités sont des produits vendus aux consommateurs – ou aux entreprises qui essaient de joindre ces consommateurs. Dans le nouveau monde des medias sociaux et interactifs, ces mêmes actualités deviennent une matière brute que les utilisateurs assemblent pour formuler leur point de vue personnel, et republient pour exprimer leur perspective à leurs amis, familles, collègues et communautés virtuelles. C’est donc un matériel de réflexion avec lequel on construit sa propre ‘worldview’, plutôt qu’un produit fini qu’on consomme sans penser. »

Bien dit non?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...