Nous avons plein de raisons d’être sceptiques face aux apôtres du crowdsourcing, l’externalisation aux foules, mais quand même.

D’abord, ça peut être un bon business model. La société la plus connue est sans doute Threadless qui invite les consommateurs à proposer les desseins dessins de T-Shirts qu’ils veulent et à voter chaque semaine pour leurs favoris. Les cinq meilleurs sont alors produits, à condition qu’un nombre suffisant de personnes en ait déjà passé commande. Les gagnants sont rémunérés en cash, entre 2.000 et 5.000 dollars. Threadless est un succès commercial. C’est loin d’être le seul.

Plus étrange et moins sexy, Innocentive fait appel aux foules pour résoudre les problèmes de R&D que les plus grosses entreprises de l’industrie pharmaceutique sont incapables de résoudre « in house ».

Lancée en 2001 avec le support de Lilly, elle compte maintenant avec un réseau de pas loin de 100.000 « résolveurs » (solvers) qui s’attaquent aux questions posées par les « demandeurs » (seekers) parmi lesquels on trouve des compagnies de la taille de Procter & Gamble, Dupont et, bien entendu Lilly. Les auteurs des solutions retenues reçoivent entre 10.000 et 100.000 dollars. Ils réussissent dans 30% des cas ce qui est un bénéficie net sur la situation antérieure dans la mesure où, soit ça aurait coûté beaucoup plus cher, soit l’entreprise en question n’aurait pas trouvé la solution en son sein.

Parmi les réflexions intéressantes suscitées par cette expérience unique on trouve le fait que « les chances de succès d’un résolveur augmentent dans les domaines dans lesquels il n’a pas de compétence formelle » explique Karim Lakhani de la Harvard Business School. Le réseau fonctionne d’autant mieux qu’il ratisse large en termes d’informations, compétences, expériences. « Je veux autant de diversité que possible » explique pour sa part le Dr. Alpheus Bingham fondateur d’Innocentive.

Un autre exemple proche, d’une certaine façon, de l’appel aux foules pour résoudre des problèmes de connaissance nous est donné par MechanicalTurk , une sorte de marché créé par Amazon.com sur lequel on peut trouver des gens pour mener à bien des tâches pour lesquels les ordinateurs sont nuls: identifier des éléments sur une photo, décrire un produit en quelques lignes, transcrire un podcast, etc. Le site se présente comme celui de « l’intelligence artificielle artificielle »… et s’attaque aux HITs, les Human Intelligence Tasks.

Alors?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...