Jeff Howe qui a suivi l’expérience de journalisme externalisé aux foules (crowdsouced crowdsourced) de Wired avec Assignment Zero (voir ce billet ) en tire ce bilan d’autant plus intéressant qu’il est mesuré: « nous pouvons la considérer comme un échec hautement satisfaisant ».

Quelques points intéressants qui aident à mieux comprendre:

– Les articles rédigés sont ceux qui laissent le plus à désirer mais  » la qualité de pensée et la perspicacité d’au moins trois quart des entrevues étaient égales ou supérieures à celles qu’on trouve dans n’importe quel magazine national ».

– La principale erreur tient au choix du sujet: beaucoup trop vaste et nébuleux. « Avoir recours aux foules pour faire une recherche sur l’externalisation aux foules a été source de confusion ». Le fondateur d’Innocentive, société de crowdsourcing pour la recherche et le développement de produits pharmaceutiques, conseille lui aussi de s’assigner des tâches limitées, de ne pas se fixer des objectifs « énormément grandioses ».

– Le problème principal est né de l’utilisation de la technologie. Ils ont conçu leur site avec Drupal, un excellent système de publication open source mais personne ne s’en est vraiment occupé et quand les volontaires sont arrivés sur le site ils se sont retrouvés « dans une ville fantôme.

– C’est alors qu’ils ont perdu une bonne partie des premiers intéressés. Mais une réorganisation donnant plus de place à la collaboration et aux groupes d’intérêt qui se créaient autour de chaque projet ont permis de repartir sur un bien meilleur pied. Le secret étant de se « concentrer sur les projets qui intéressaient le plus les gens« .

– C’est ce qui explique le sérieux et la qualité des entretiens qui montre que ceux qui y ont contribué « se sont portés volontaires pour s’attaquer à des sujets qui les passionnent et qu’ils connaissent« .

– D’où Howe conclue (mais on sent son parti pris) que « Un modèle qui ne marche pas, c’est d’essayer de se servir du crowdsourcing seulement pour réduire les coûts. » Les motivations incluent la recherche de reconnaissance, la volonté d’approfondir ses connaissances ainsi que l’éventualité d’un gain financier.

Spécialiste des problèmes de collaboration Howard Rheingold estime que: « [Nous] devons trouver une façon de réunir des actions individuelles dans quelque chose qui est plus grand que la somme de ses parties. […] Essayons de trouver au moyen d’observations et d’expériences les limites et les possibilités réelles de ce phénomène. »

Howe estime qu’il s’agit d’un « échec hautement satisfaisant ». Je vous ai donné ses arguments mais je me demande si à la lecture de ce billet ou des articles en question, vous tirez les mêmes conclusions…

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J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...