Oser écrire « éducation 2.0 » c’est prendre le risque de se voir taxer de visées marketing fumeuses. Dommage car le monde de l’éducation est aujourd’hui secoué par une véritable lame de fond qui tire beaucoup des concepts pratiques et des outils de web2.0.
La multiplication de communautés à visées formatives différentes viennent heurter les systèmes établis.
Wiziq , Sutree , Helpfulvideo , Sclipo et Tutorom , pour n’en citer que quelques unes ont en commun des points qui méritent réflexion:
- Les services sont généralement ouverts et gratuits. L’accès aux savoirs n’est plus le monopole des institutions ou organismes accrédités. Il se décentralise.
- Chacun peut y devenir formateur de l’Autre (et inversement) au travers de différents processus (production de tutoriaux sous différents formats, échanges, coopération, tutorat…) Pour les définir, on évoque souvent la notion de « formation de pairs à pairs ».
- Les règles de fonctionnement de ces systèmes sont souples, évolutives et régulées. Ils s’adaptent en permanence et ouvrent des espaces de créativité en suivant une logique d’auto-organisation.
Dans la mise en œuvre de ces pratiques, les acteurs utilisent de façon presque systématique les outils de web 2.0 pour:
- produire des contenus d’auto-formation multimédia (vidéos, podcast, sreeencast…).
- agréger des contenus (avec des agrégateurs de flux) et les recompiler.
- diffuser ces contenus (réseaux dédiés, blogs, sites internet…).
- participer, échanger, collaborer de manière synchrone ou asynchrone en utilisant des applications comme Skype, forums, chats, wikis, outils de partage d’écran ou de webconférences …etc.…
Ces réseaux deviennent des systèmes fluides d’apprenance, ancrés dans la vie, centrés sur leurs acteurs et leurs contextes. Ils visent l’autonomie assumée et pertinente des participants au travers de systèmes d’échange de savoirs !
Il est frappant de constater combien concepts, pratiques et outils du web 2.0 actualisent la vision éducative d’Yvan Illich…il y a trente ans :
« Un des principes les plus nécessaires à une réforme (de l’éducation), c’est redonner l’initiative et la responsabilité à celui qui apprend ou à celui qui l’aide à apprendre. […]
L’enseignement prépare à l’institutionnalisation aliénatrice de la vie en enseignant le besoin d’être enseigné. […]
Nous pourrions concevoir à l’opposé de cet entonnoir (à l’opposé du gavage) un réseau souple, un tissu vivant où chaque personne désireuse de s’instruire serait à même de trouver les contacts nécessaires de participer à sa propre croissance […]
Ce qu’il nous faut ce sont des structures qui mettent les hommes en rapport les uns avec les autres et permettent, par là, à chacun de se définir en apprenant et en contribuant à l’apprentissage d’autrui. […]
Pour qu’un homme puisse grandir, ce dont il a besoin, c’est du libre accès aux choses, aux lieux, aux méthodes, aux événements, aux documents. […]
Il a besoin de saisir tout ce qui l’entoure dans un milieu qui ne soit pas dépourvu de sens. […]
A quoi devraient servir les possibilités que nous donne la technologie, sinon à donner à chacun les moyens de s’exprimer, de communiquer, de rencontrer les autres ? C’est la liberté, universelle de parole, de réunion, d’information, qui a vertu éducative. »
Quand la technologie permet de réaliser la vision des philosophes, ça vaut la peine de faire attention.
Vous en pensez quoi ?
AUjourd’hui, l’invitée de CaféTransnets est Florence Meichel. Consultante, elle accompagne les projets web 2.0 dans le domaine de l’éducation et de la formation et rend compte de ses expériences sur trois blogs que vous trouverez là . Elle y discute des meilleurs outils permettant de nouvelles approches en matière d’éducation, de formation, et de réseaux apprenants. Florence aime bien visiter d’autres blogs et y laisser ses commentaires. C’est comme ça que nous avons engagé le dialogue sur Transnets.