Riopequenoespacodossonhos « L’espacedes rêves » est un édifice ultramoderne aux couleurs vivantes situé juste àl’entrée d’une des favelas de São Paulo. Contraste surprenant tant qu’on nesait pas que l’argent a été fourni par une ONG italienne lié au syndical UIL(Unione Italiana del Lavoro).

« O Espaçodos sonhos » est un des « points de culture » créés à l’initiativedu ministre de la culture, le chanteur Gilberto Gil, pour mettre en œuvre la politique gouvernementale « d’inclusion digitale » (j’y reviendrai demain).

Ça n’est pourtantpas par intérêt pour l’argent de l’État que la relation s’est établie mais,nous a expliqué Rosanna Cocco de l’UIL, parce que la méthodologie lesintéressait. C’est l’ONG, explique-t-elle, qui a fourni les 18 ordinateursutilisés pour les cours et l’accès gratuit et les 5 qui servent à l’élaborationde projets multimédias.

Il est tôt pourjuger les résultats des Pontos de Cultura et l’Espaço dos Sonhos ne fait pasexception à la règle. Intégré au projet il y a cinq mois il en est encore à sesdébuts, d’autant plus difficiles que la violence est très présentedans le coin depuis mai.

Ils hésitent parfois à sortir, mais 200 enfants se sont enregistrés. Dans la salle des ordinateurs réservéepour les cours et l’accès libre une demi douzaine d’adolescents naviguent surle web. Ils ont un peu de mal avec les programmes mais peut être plus parcequ’ils sont en anglais que parce qu’il s’agit de software libre. Leur K Desktop Environment est, de fait, assez facile à utiliser. Conformément aux comportements constatés ailleurs, les filles chattentet les garçons jouent à des jeux plus ou moins violents.

Rosanna est lapremière séduite par le programme qu’elle aide à appliquer. « Nous n’avonspas ça en Italie, » dit-elle. « Je considérais l’ordinateur commequelque chose de supérieur à moi. Ici on le bidouille. J’ai plaisir à apprendreà le dominer. »

Mais il ne s’agitque d’un premier pas pour les « Pontos de Cultura » et elle se dépêche derappeler que « l’objectif est d’utiliser toutes ces machines pour réveillerla créativité. » Ça commence avecle recyclage des pièces d’ordinateurs (systématique dans les Pontos de Cultura)qui, quand elles ne sont plus utilisables leurs servent à faire des bijoux, desobjets d’art.

Thays, la monitrice, approuve et rappelle que « l’informatique n’est pas unefin mais un moyen. Elle nous permet de découvrir qui, dans le quartier, chantebien ou dessine bien. » L’essentiel, pour elle, c’est qu’ « on se rendcompte très vite qu’on a tort d’avoir peur. Tout ce fait entre pairs, ce qui aide. Tout lemonde peut y arriver et c’est ça qui est merveilleux. »

Le but des plus motivés, explique Thays, c’estd’accéder à la salle multimédia où ils trouveront les ressources nécessairespour enregistrer de la musique, produire des vidéos, lancer un journal ou uneradio communautaire.

Les enfants son tropabsorbés par leur jeux ou leurs conversations pour prendre part à nos échanges. Une des gamines s’est mise à composer les personnages de BD avec un des logiciels (libres)installés dans la machine.

[Photos prises par François Bar. Vous trouverez l’ensemble ici]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...