La mort, ou pire, pour les hackers, c’est ce que propose John Tierney, un éditorialiste du New York Times en réaction aux 21 mois de prisons avec sursis auxquels un juge allemand vient de condamner Sven Jaschan, l’adolescent allemand « père » du virus (worm) Sasser qui causa de sérieux ravages sur l’internet l’an dernier (voir ce papier entre autres).

La partie scandaleuse c’est qu’il dit envisager la peine capitale. Il la justifie en s’appuyant sur un article écrit par un économiste qui compare le bénéfice économique que la société peut trouver quand elle élimine un criminel ou l’auteur d’un virus informatique : 100 millions de dollars contre 50 milliards par an ou quelque chose comme ça. (Allez voir vous-même ici, ça vaut le jus).

Les seuls arguments de Tierney contre la peine capitale c’est qu’elle n’est pas applicable dans un grand nombre de pays d’où les hackers opèrent et qu’étant pour la plupart des adolescents, ils n’ont pas peur de la mort.

La partie humoristique (présente dans tout l’article, il faut le reconnaître) est qu’il propose de les condamner à quelque chose de « pire que la mort » : utiliser un modem d’il y a dix ans, répondre aux questions des néophytes sur AOL ou, ce qu’on peut vraiment imaginer de pire : le condamner à utiliser Windows 95 pour le reste de ses jours. Je suis sûr que certains d’entre vous trouveront qu’il y va trop fort.La partie intéressante de tout ça c’est que son éditorial (Op-ed quand ils sont signés) consacré aux coûts sociaux des virus, vers et autres chevaux de Troyes est publié par le plus grand des quotidiens américains en dehors de la section Technologie. Et vue l’approche provocante, ça devrait attirer l’attention du public ce qui est une bonne chose.

Je dois préciser sans doute que l’humour à base de peine de mort me fait froid dans le dos quand on sait combien de gens la prennent au sérieux (et pas seulement du côté de l’Atlantique d’où j’écris).

Je ne peux ignorer qu’il oublie que la fonction sociale des hackers de ce genre est précisément de nous sensibiliser aux faiblesses des systèmes que nous utilisons et aux dangers qu’ils nous font courir.

Et puisqu’on parle de responsabilité, je vous demande quelle peine envisageriez-vous pour ceux qui nous mettent dans un tel état de vulnérabilité. Mais attention, les principaux responsables de notre sécurité, c’est nous.

Qu’en dites-vous ?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...