Les études sur les métaphores que les gens utilisent pour parler de l’internet se limitent en général à enregistrer les images pour mieux comprendre comment nous utilisons la technologie.

Doc Searls, un des responsables du Linux Journal et co-auteur du Cluetrain Manifesto va plus loin. Il ne suffit pas de reconnaître que « nous ne pouvons ni penser ni parler sans elles ». Il estime que suivant la métaphore qu’on utilise on peut contribuer à la limitation des libertés sur le net. J’avais mentionné cela à la suite d’un dîner où je l’ai rencontré. Je lui ai demandé des précisions par courriel.

En résumé, il distingue les métaphores de fret (shipping) (paquets, télé-« chargement », navigateur), celles de lieux (place du village, adresse, site) ou de publication (auteur, page, écrire).

S’il est conçu comme un système de publication ou même comme un espace, indispensable à la tenue de tout discours, l’internet est protégé par la liberté d’expression.

Expression ou contenu

Doc Searls s’oppose particulièrement à l’usage du mot « contenu » (très fréquent aux États-Unis) dans la mesure où il alimente la métaphore transport par opposition à propos, expression ou art.

Il ne s’agit pas d’une discussion échevelée si j’en crois ce qu’il m’a écrit: « A un moment où le net fait face à une régulation accrue, il est essentiel de le concevoir en des termes qui offrent la plus grande protection possible. Les métaphores de discours/publication et de lieu offrent une telle protection. Celle du fret ne le fait pas. »

Tout cela est bien joli, mais comment cela se passe-t-il en français? Y trouve-t-on les mêmes enjeux? Le fait d’avoir, pour l’essentiel, traduit les métaphores américaines a-t-il des conséquences? Pouvait-on faire autrement?

Ces questions me semblent essentielles, mais je n’ai pas de réponses claires. Et vous?

Vous trouverez le texte du courriel de Doc Searls en cliquant sur le lien ci-dessous.

Courriel envoyé par Doc Searls le 19 janvier:

We conceive the Net by a variety of metaphors: as a shipping system (transport, packets, upload, download, delivery), as a place (commons, address, location, site), as a publishing system (author, page, write).Each of these frame different regulatory approaches.

Our First Amendment protects freedom of speech, which is widely understood to mean freedom of publication as well. Speech also happens in a *place*. The context is a public one. Speaking out in a town commons is a protected activity.

Nothing in the U.S. constitution prevents Congress or the FCC from restricting what can be said or shown on radio and TV stations.

That’s because (if you look at the language of the FCC — there are links in some of those pieces above), broadcasting is conceived as a delivery system for the cargo we call « content » or « material. »

As the Net faces increased regulation, it is essential to conceive it in terms that afford the greatest protection. Speech/publication and place metaphors do that. The shipping metaphor does not.

This, by the way, is the primary risk in using the word « content » as a blanket label for everything that might otherwise be speech or art.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...