iLife, le iPod Shuffle, le Mac Mini, la liste des produits séduisants annoncés par Steve Jobs lors du MacWorld de San Francisco est impressionnante mais apparemment disparate. Que devient Apple dans tout ça?

La piste se trouve dans l’adaptation d’une formule à la mode: « Apple est de Vénus. Microsoft, Dell, HP, Sun, Linux et les autres sont de Mars ». Et je ne dis pas ça à cause de la pomme…

Le marché des loisirs

Tout ce qui nous a été montré ce mardi était affaire de plaisir. Il se trouve dans l’esthétique des produits (hard et soft), dans leur élégance, mais aussi dans le fait que les plus grandes nouveautés tournent autour des vacances (photos, vidéos) et des loisirs (musique à jouer comme à écouter).

Steve Jobs était ravi de nous montrer mardi matin que trois des dix produits les plus vendus dans la catégorie « électronique grand public » étaient marqués du sceau de la pomme.

20% environ des revenus d’Apple proviennent du iPod et de iTunes (cela représente 70% de ce marché là). La croissance en 2004 par rapport à 2003 dépasse les 500%. Les ordinateurs d’Apple stagnent autour de 5% du marché des ordinateurs personnels.

A design company

Plutôt qu’une « software company » je crois qu’Apple est devenue une « design company » qui sait créer le plaisir esthétique aussi bien dans le software que dans le hard.

Exemple: Dashboard, l’outil de navigation interne que l’on trouvera dans le prochain OS, Tiger, ne semble pas apporter d’innovations technologiques fulgurantes. Il s’agit surtout d’interfaces graphiques bien dessinées, qu’il s’agisse du mini programme pour donner la météo ou de la calculatrice. Et ça ressemble terriblement à ce que fait déjà Konfabulator.

Le légendaire Doc Searls, éditeur du Linux Journal et macophile convaincu que j’ai retrouvé dans un café du coin en train de rédiger son blog, m’a fait remarquer qu’on ne trouvait presque plus rien pour les développeurs à MacWorld. De fait, j’ai bien vu un petit stand qui leur était destiné mais il occupait dix fois moins d’espace que celui des Mac Mini ou des iPod Shuffle.

Stratégie

Derrière le succès du iPod on voit ainsi émerger une stratégie à long terme. Markoff estimait il y a deux jours que le vrai futur d’Apple se trouvait moins dans un ordinateur bon marché que dans une set top box permettant de marier Hollywood et Silicon Valley. Un appareil nous permettant de voir des films avec une qualité incomparable.

Jobs n’a pas présenté un tel gadget lors de MacWorld, mais tout le reste y est. Il a insisté maintes fois pour dire que 2005 serait l’année de la vidéo HD (Haute Définition). iLife et iMovie vont dans ce sens. Tout est en place. Il ne manque plus que l’appareil et le service l’accompagnant (de la même manière que le iPod ne serait rien sans iTunes). Ils finiront bien par venir.

Bloqué sur le marché des ordinateurs personnels malgré la qualité de ses produits, Steve Jobs est en train d’établir un pont entre ordinateurs et gadgets. Personne ne semble mieux placé que lui pour réaliser cette union annoncée de longue date.

Apple y gagnera une nouvelle identité… métisse.

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J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...